Emmanuel Combe
S’engager ou rester impliqué dans un cartel est une question qui se pose aux managers. Dans notre article, nous avons cherché à identifier les incitations spécifiques des managers à enfreindre les règles du droit de la concurrence, les motifs propres pour lesquels ils sont susceptibles de participer à des cartels. L’article fait le point sur la littérature sur ce thème, en ayant notamment recours à l’approche psychologique afin de contextualiser les comportements. Il s’agit de regarder un nombre d’éléments (comme les clauses de licenciement ou plus généralement les types de management) qui peuvent pousser les managers à ce genre de comportement, mais aussi d’envisager des solutions pour éviter que ces managers, notamment les plus « imprévisibles », en viennent à violer les règles de droit.
Le cadre théorique est celui bien connu du gouvernement d’entreprise. Il est souvent mobilisé sous l’angle du conflit d’intérêts devant l’Autorité de la concurrence, à la fois par les managers (qui affirment n’avoir pas eu le choix du comportement adopté) et par les actionnaires (qui soutiennent, comme par exemple dans l’affaire des produits d’hygiène et d’entretien, que le manager a agi de manière isolée et de sa propre initiative, au mépris des intérêts des actionnaires), sans grand succès. Il ne faut pas nécessairement opposer les intérêts des managers et des actionnaires. Ces derniers peuvent fermer les yeux parce qu’ils considèrent que la pratique en cause ne fait courir qu’un risque faible de sanction alors qu’elle permet une maximisation du profit. Les managers peuvent parallèlement avoir des motivations propres et tout à fait différentes à mettre en œuvre la pratique.