Introduction
Laurent Flochel – L’économie digitale est caractérisée par la mise en relation d’individus ou d’offreurs et acheteurs par le biais de réseaux sociaux ou plateformes. Certains de ces services sont gratuits ou faussement gratuits, les coûts étant recouverts par un autre biais, notamment par la monétisation des données. Ceci permet de proposer des services allant au plus près des besoins des consommateurs (discrimination du premier degré). Ceci pose de nombreuses questions de concurrence notamment parce que, du fait des externalités de réseau, le nombre d’acteurs de marché est limité. Certaines de ces questions sont toutefois loin d’être nouvelles. Ainsi, faut-il réguler et, si oui, comment ? Quand faut-il intervenir ?
Antoine Winckler – L’économie digitale est un sujet au cœur de la concurrence en Europe. Ces dernières années, les enquêtes générales et les cas particuliers d’intervention des régulateurs se sont multipliés (rapport de l’OCDE en 2012, enquêtes de la Commission sur l’économie digitale et l’e-commerce, de la CMA sur les données des consommateurs, du Bundeskartellamt sur le big data, vote par le Parlement italien d’une loi sur les plateformes de réservation d’hôtels). Les interventions particulières sur des cas de concurrence dans le domaine de l’économie digitale sont très nombreuses (e-booking, Amazon, enquête ouverte par le Bundeskartellamt contre Facebook ou les distributeurs online). L’économie digitale s’impose donc comme le sujet d’actualité, et l’on peut comprendre pourquoi, car elle bouleverse certains marchés (notamment la publicité ou les taxis). Ce sont les grands enjeux de concurrence et de société de demain. Le Président Lasserre a donc choisi quatre thèmes : (i) les plateformes, (ii) l’économie collaborative, (iii) les données et (iv) l’utilité d’une intervention des autorités de concurrence.