La meilleure garantie que les offreurs seront équitablement rémunérés pour leurs biens et services, y compris leur travail, réside dans la concurrence que doivent se livrer les demandeurs de biens et services, y compris les demandeurs de main-d’œuvre. Et la meilleure garantie que les demandeurs seront appelés à verser un prix ou une rémunération équitable réside dans la concurrence que doivent se livrer les offreurs de biens et services, y compris de travail (v. règl. (CE) n° 1/2003).
À l’équilibre concurrentiel, le prix d’un produit, bien ou service, est égal à sa valeur d’opportunité marginale, c’est-à-dire à la valeur, telle qu’estimée par les acheteurs, que le non-achat à ce prix permettrait de générer au mieux, y compris en consommation, en loisir ou en toute autre activité.
Ainsi, la valeur des biens ou services qu’une personne contribue à offrir ou à vendre est déterminée par ses concitoyens, qui estiment librement ce que ces produits leur apportent à la marge en termes d’utilité, de bien-être ou de potentiel, et par le coût ou la valeur d’opportunité des ressources, travail et autres, incorporées dans ces produits, la différence entre les deux étant la compensation que la personne peut retirer de sa participation à la production et à la vente d’une unité additionnelle (valeur marginale). Dans ce contexte, le prix ou la valeur marginale des choses, des biens et services qu’une personne contribue à produire, ne pourrait augmenter que si elle pouvait contribuer à produire des biens et services de plus grande valeur pour ses concitoyens. Par ailleurs, cela peut être une source de motivation à modifier son portefeuille de compétences ou le panier de biens et services produits. Aussi, comme consommateur ou acheteur, toute personne envoie un message de ce genre lorsqu’elle décide de ne pas acheter tel produit, bien ou service.
L’entreprise peut être comprise comme une institution, un processus ou un mécanisme transformateur qui mélange fructueusement ou efficacement différents facteurs de production, y compris le travail humain, les matériaux, les ressources naturelles, les technologies, les capitaux empruntés et les capitaux propres, pour générer des biens et services utiles à ses concitoyens clients, consommateurs ou entreprises, de manière que la valeur totale de ses produits soit supérieure ou du moins non inférieure au coût total de tous les facteurs utilisés lorsque ces derniers sont payés ou compensés à la valeur de leur meilleure utilisation alternative. Si c’est le cas, l’entreprise est véritablement génératrice de valeur nette et de richesse. Comment s’en assurer ? Par la concurrence et les échanges libres et consentis.
Considérons trois types d’entreprises : l’entreprise capitaliste, l’entreprise travailliste et l’entreprise idéiste. Dans chacun des cas, le pouvoir résiduel de décisions, autres que celles prévues par contrat, appartiendra au groupe rémunéré en dernier, à savoir le capital financier en fonds propres (entreprise capitaliste), le capital humain (entreprise travailliste) ou le capital intellectuel (entreprise idéiste).
L’entreprise capitaliste (travailliste, idéiste) paiera en priorité tous ses facteurs autres que les fonds propres (le travail, les idées), qui sont rémunérés par la valeur résiduelle, à savoir la valeur totale des produits moins le coût total des facteurs prioritaires. Cette valeur résiduelle est incertaine, peut être positive ou négative, variable dans le temps, mais doit représenter en moyenne ou en espérance la valeur des fonds propres (du travail, des idées) dans leur meilleure utilisation alternative.
Étant donné les bienfaits de la libre concurrence et le rôle crucial des prix concurrentiels dans la création de richesse et de bien-être collectif, les États ont adopté des lois, politiques, moyens et institutions afin de favoriser la libre concurrence et de contrecarrer les dangers et méfaits des prix de monopole ou de cartel (fixation des prix, allocation des marchés, réduction de production) ou d’abus de position dominante, des prix d’éviction ou de prédation et des prix de revente contrôlés en amont. Les comportements illégaux peuvent être sujets à des amendes et peines de prison, calibrées en fonction du sérieux des manquements afin d’assurer la dissuasion des comportements illégaux et la restitution des gains obtenus le cas échéant (v. Comm. eur., communiqué IP/06/857 du 28 juin 2006 et document sur les amendes sanctionnant les infractions au droit de la concurrence).
Dans le cas des biens et actifs d’information, produits à coûts fixes élevés et à coûts variables faibles, voire nuls, et consommés réellement ou virtuellement en totalité par tous les consommateurs, les prix individualisés seront naturellement de mise. Afin de couvrir efficacement les coûts totaux de production, ces prix seront fonction des valeurs qu’en tirent les consommateurs plutôt que des coûts de production (prix de Lindahl – Schinkel et Tóth, 2016). Le développement économique des réseaux, fondés sur des standards technologiques assurant l’interconnexion des biens et services (téléphones intelligents et internet des objets, par exemple), a fait émerger le concept de prix juste, raisonnable et non discriminatoire (FRAND) des brevets dits « essentiels ». Dans les deux cas, il s’agit bel et bien de prix de type concurrentiel.