En situation de concurrence imparfaite, les firmes sont en mesure d’exercer une influence sur le niveau du prix de marché et de pratiquer un prix supérieur à leur coût marginal de production. L’écart entre prix de marché et coût marginal de l’entreprise, appelé taux de marge (ou mark-up), constitue ainsi un indicateur du pouvoir de marché des entreprises. Un taux de marge élevé s’interprète généralement comme le signe d’une faible intensité concurrentielle sur le marché et de la capacité des entreprises à imposer des prix élevés aux consommateurs. A l’inverse, un taux de marge faible reflète la capacité des mécanismes concurrentiels de marché à discipliner les entreprises et à les contraindre à pratiquer des prix proches de leur coût marginal, se traduisant par un prix bas pour les consommateurs.
Un prix supérieur au coût marginal peut résulter de pratiques anticoncurrentielles. Il ne doit cependant pas systématiquement être considéré comme excessif, et peut s’expliquer par exemple par la distance géographique avec les concurrents ou une forme de concurrence davantage fondée sur la qualité et la différenciation des produits que sur les prix. Un prix inférieur au coût marginal peut quant à lui être le signe de pratiques d’éviction.
Malgré leur centralité dans la théorie microéconomique, les coûts marginaux sont difficiles à évaluer empiriquement et ne sont donc que peu utilisés dans la pratique des autorités de la concurrence. Pour apprécier le pouvoir de marché d’une entreprise et d’éventuels abus de position dominante associés, les autorités de la concurrence ne se limitent pas à l’examen du taux de marge ou au calcul de l’indice de Lerner (égal à la différence entre le prix à la production et le coût marginal, divisée par le prix à la production), mais utilisent un faisceau d’indices structurels et comportementaux. De la même façon, concernant les pratiques d’éviction, plusieurs tests de la relation prix-coût sont utilisés. Lorsque le coût marginal n’est pas disponible, le test Areeda-Turner lui substitue le coût variable moyen. Plus récemment, l’analyse des coûts évitables moyens propose de comparer les prix à la moyenne des coûts variables et des coûts fixes spécifiques.