Tout en étant distinctes et appréhendées distinctement par les règles de droit, corruption et collusion n’en sont pas moins liées : en effet, les ententes renchérissant les prix peuvent requérir, à tout le moins, la passivité de représentants de l’acheteur public qui seraient susceptibles de détecter la pratique collusive et, dans cette perspective, de s’assurer de ces comportements passifs, voire actifs, des représentants par l’octroi de différentes faveurs au bénéfice de ces derniers.
En raison du caractère dissimulé de l’infraction, les poursuites et les condamnations sont de fait peu nombreuses. Il est possible d’évoquer, à titre d’illustration, l’affaire des lycées d’Île de France, dans laquelle des cadres et des dirigeants d’entreprises ont été condamnés des chefs d’abus de confiance ou d’abus de biens sociaux, de corruption et d’ententes illicites pour fausser ou restreindre le jeu de la concurrence ; des trésoriers, collecteurs de fonds et élus des partis politiques pour complicité et recel de corruption et de trafic d’influence.
En 2016, la France s’est dotée avec la loi dite Sapin II (loi n° 2016-1691 du 9 déc. 2016, relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique, dite loi Sapin II, JO 10 déc. 2016) d’un nouveau arsenal qui prévoit notamment la création d’une Agence Française Anticorruption (AFA) et l’obligation, pour les sociétés dépassant certains seuils en salariés et en chiffre d’affaires, de mettre en place un programme de conformité. Le 19 octobre 2021, une proposition de loi visant à renforcer la lutte contre la corruption a été déposée dans la continuité du rapport d’information sur l’évaluation de la loi Sapin II rendu le 7 juillet 2021.
En Europe, la corruption dans les secteurs privé et public est considérée comme une distorsion de la concurrence et un obstacle à un sain développement économique (Décision-cadre 2003/568/JAI relative à la lutte contre la corruption dans le secteur privé, cons. 9). Certaines institutions européennes on ainsi vu le jour pour prévenir et lutter contre les pratiques corruptives (Europol, Eurojust et OLAF). En 2011, la Commission a adopté une communication sur « La lutte contre la corruption dans l’Union européenne » (COM/2011/0308 final). Chaque année le Groupe d’Etats contre la corruption (GRECO) du Conseil de l’Europe publie un rapport sur les tendances, les défis et les bonnes pratiques en matière de lutte contre la corruption.